1. Enjeux et motivations
1.1 Productivité et compétitivité
L’automatisation permet une production continue sans interruption, augmentant la productivité de 0,8 à 1,4 % par an selon McKinsey. Elle réduit les coûts liés aux erreurs humaines et optimise l’utilisation des ressources. Par ailleurs, selon l’IFR, les lignes automatisées réduisent les taux de défauts jusqu’à 50 %.
1.2 Qualité, sécurité et flexibilité
Les systèmes automatisés offrent une précision constante, réduisent les déchets, améliorent la sécurité — les accidents du travail peuvent baisser de 25 % selon OSHA — et permettent de reprogrammer rapidement les process selon la demande.
1.3 Soutien institutionnel
Le « Pacte national pour l’émergence industrielle » du Maroc favorise la modernisation des PME, la formation professionnelle, les plateformes industrielles intégrées et l’attraction d’investissements étrangers .
2. Solutions d’automatisme disponibles
2.1 Systèmes de contrôle industriel (ICS, SCADA, DCS)
Ces plateformes assurent la supervision, le contrôle et la collecte en temps réel des paramètres de production. Des fournisseurs marocains comme AI Systems ou ARM Solutions proposent l’implantation, la configuration (Schneider, Siemens, Omron…) et la maintenance de tels systèmes .
2.2 Automates programmables (PLC) et robots industriels
Des automates tels que Siemens SIMATIC S7, Modicon, ou Allen-Bradley, gèrent les recettes industrielles. Ces solutions permettent d’automatiser les chaînes d’assemblage, le contrôle-qualité et les mouvements mécaniques. La robotique, de plus en plus présente dans l'automobile ou l’agroalimentaire, combine ces PLC à des robots industriels pour des tâches répétitives ou complexes.
2.3 Internet Industriel des Objets (IIoT), capteurs et maintenance prédictive
La connectivité IoT permet de transmettre des données critiques à partir d’équipements industriels pour anticiper les pannes. Une enquête CGEM indique que 42 % des grandes entreprises marocaines ont déjà intégré des solutions IoT dans la production, la logistique ou l’énergie.
2.4 Intelligence artificielle et vision machine
L’IA est utilisée pour l’analyse des données massives, la maintenance prédictive, ou le contrôle-qualité automatisé. Des initiatives comme AI Movement, en collaboration avec l’OCP, développent des applications industrielles adaptées au contexte marocain, y compris des solutions de vision pour détecter défauts ou anomalies.
3. Exemple concrets au Maroc
3.1 Stellantis à Kénitra : véhicules à guidage automatique (AGV)
L’usine Stellantis intègre une production locale d’AGV (automated guided vehicles). L’autonomie de fabrication jusqu’à 1 000 unités par an renforce la compétitivité et l’autosuffisance locale.
3.2 OCP Maintenance Solutions : drones pour inspection industrielle
L’OCP utilise des drones équipés de caméras thermiques et infrarouges pour surveiller ses infrastructures, détecter anomalies et planifier la maintenance de manière plus rapide et sûre.
3.3 Vision machine dans le textile
Une entreprise textile marocaine a mis en place un système de vision machine IA pour détecter en temps réel les défauts sur les tissus, réduisant les rebuts et optimisant le rendement.
3.4 Digitalisation dans l’agroalimentaire et autres secteurs régionaux
Dans des zones telles que Casablanca, Rabat, Tanger, Safi ou Marrakech, des solutions SCADA, ERP connectés et de télégestion permettent une automatisation adaptée aux spécificités locales – transformation, conditionnement, logistique, contrôle-commande.
4. Types de fournisseurs et services au Maroc
4.1 Intégrateurs et bureaux d’études
AI Systems (Casablanca) : étude technique, installation, formation et maintenance, avec matériels Schneider, Siemens, Omron, etc.
ARM Solutions : conception, installation, maintenance, formation pour secteurs comme l’automobile, agroalimentaire, pharma.
Maroc Automatix : audit, diagnostic, migration, cybersécurité et formation sur-mesure des automates (Siemens, Schneider, Mitsubishi…)
4.2 Formation et montée en compétences
Des structures comme F2V Groupe ou automatisme-industriel.ma proposent des formations techniques — programmation PLC, intégration SCADA, maintenance — souvent adaptées aux PME . AI Movement également offre des formations en IA adaptée au secteur industriel.
5. Bénéfices mesurables
Productivité accrue : selon McKinsey, +0,8 à 1,4 % par an
Réduction des défauts de 50 % sur ligne automatisée (IFR)
Moins d’accidents : diminution de ~25 % (OSHA)
Cœur industriel solide : en 2022, chiffre d’affaires de 801,5 mdh, production 738,7 mdh, emplois 870 759 (× 2,4 vs 2012)
Impact sur l’export
Dans l’automobile, via Tanger Med, le Maroc exporte vers 78 pays et a multiplié ses exportations par 4 depuis 2012, avec un contenu local de plus de 65 % des véhicules produits.
6. Enjeux et freins
6.1 Coût initial et accès au financement
Les technologies avancées comme SCADA ou les robots nécessitent des investissements importants, dissuasifs pour les PME. Des incitations fiscales, fonds publics et partenariats public‑privé sont essentiels.
6.2 Compétences et formation
Le déficit en profils qualifiés se fait sentir : besoin de formation technique en automatisme et en maintenance, programmation PLC ou supervision SCADA. Des initiatives telles que celles d’AI Movement ou des structures de formation jouent un rôle-clé.
6.3 Infrastructures numériques
Une couverture réseau robuste (5G, fibre) et des centres de données sont nécessaires pour déployer l’IIoT et les systèmes connectés — progrès visibles mais à renforcer pour certaines régions.
7. Perspectives d’avenir
Avec la stratégie AI Morocco 2025‑2030, l’IA devient un pilier prioritaire. Par exemple, le programme AI Factory lancé en 2023 à Rabat vise à soutenir des projets innovants dans l’industrie, avec 500 M MAD de budget, et un marché IA marocain estimé à 1,2 Md MAD en 2026, croissance de 38 % par an.
Le lancement par Innovx de ParkX, deux parcs industriels à Benguérir et Jorf Lasfar dédiés à l’industrialisation verte et technologique, illustre les ambitions marocaines.
À Jorf Lasfar, l’inauguration en juin 2025 de la première usine hors Asie de production de précurseurs de cathodes NMC (40 000 tonnes/an) souligne l’évolution du Maroc vers les technologies d’avenir (mobilité électrique, stockage d’énergie).
8. Guide pratique pour une entreprise industrielle marocaine
Étape 1 : diagnostic et audit
Faire appel à un intégrateur (AI Systems, ARM Solutions, Maroc Automatix…) pour réaliser un audit de vos processus et identifier les zones d’amélioration.
Étape 2 : choisir des solutions adaptables
Adopter des solutions évolutives : automates programmables, SCADA, robots modulaires, capteurs IoT, IA pour vision machine.
Étape 3 : formation et montée en compétences
Former vos équipes en programmation PLC, supervision SCADA, maintenance prédictive et cybersécurité industrielle.
Étape 4 : planifier l’investissement
Utiliser le Pacte national et les initiatives publiques pour obtenir des aides ou leviers de financement.
Étape 5 : lancer un pilote
Commencer avec un projet pilote sur une ligne de production ou un site, mesurer les gains : temps, qualité, coût, sécurité. Cette preuve de concept facilite l’investissement industriel global.
Étape 6 : généraliser et scaler
Étendre l’automatisation à d’autres sites, intégrer l’IoT, l’IA, et connecter les systèmes à un ERP comme SAP S/4HANA pour optimiser la production globale (comme le fait Inovadex avec ses clients).
Conclusion
L’automatisation industrielle constitue une véritable opportunité stratégique pour les industries marocaines, en les rendant plus compétitives, plus efficaces, plus flexibles et durables. Le soutien institutionnel (Plan d’accélération industrielle, Pacte national), les investissements en infrastructures numériques et l’essor des intégrateurs locaux renforcent ce mouvement. Des projets emblématiques tels que ceux de Stellantis, OCP, AI Movement ou encore les parcs d’Innovx à Jorf Lasfar illustrent bien cette transformation.
Cependant, les défis restent réels : coût d’investissement, manque de formation, infrastructures à renforcer et intégration progressive des technologies. Avec une démarche structurée — audit, pilote, formation, financement — et un dialogue public‑privé soutenu, le Maroc peut consolider sa position comme hub régional de l’industrie intelligente.
Ce tournant vers l’industrie, déjà en cours, s’inscrit dans une ambition nationale durable, tournée vers l’innovation, l’écoresponsabilité et la souveraineté industrielle.
